Skip to main content

Nous vous proposons aujourd’hui un voyage au nord de l’ile d’Islay, dans l’une de ses distilleries historiques et la plus septentrionale : Bunnahabhain.

Cette dernière a été créée en 1881 par les frères Greenles, pour le compte de L’Islay Distillers Company. Son site est choisi pour sa proximité avec la rivière Margadale, au bord du sound of Islay, petit bras de mer séparant Islay et Jura. Entre rivière et mer, c’est de sa situation géographique que cette voisine de Caol Ila va tirer son nom puisqu’il signifie « bouche de la crique » en gaélique. C’est également cela qui va inspirer le caractère des produits, car les chais situés au bord de la mer et l’humidité ambiante apportent de douces notes salines aux fûts lorsqu’ils respirent. L’étiquette des bouteilles reflète d’ailleurs bien cette sensibilité marine, en représentant un marin écossais à la barre d’un navire. Mais Bunnahabhain tire aussi sa particularité de la rivière Margadale, qui lui permet d’être l’une des seules distilleries sur l’île d’Islay à produire un whisky léger et non-tourbé à base d’eau de source pure.

Bunnahabain

© Bunnahabhain

L’édification des murs épais de Bunnahabhain se termine en 1883, et la production peut alors commencer. Les ravitaillements se font dans un premier temps par bateau. En effet, si la mer peut se révéler être un élément indomptable, l’unique chemin de terre qui conduit à la distillerie demeure encore plus dangereux jusqu’à la construction d’une route en 1960.

Bunna-Header-ImagesHeader-Images-copy-8_1920x.png

© Bunnahabhain

L’histoire de cette authentique distillerie d’Islay est assez calme, jalonnée par des reventes et deux fermetures qui fort heureusement ne sont que temporaires. La première mise à l’arrêt a lieu en 1930, lorsque la demande de whisky se tarit dans un contexte de crise économique mondiale, et la production ne reprend qu’en 1937. La seconde survient en 1982, mais à l’inverse de Port Ellen, pour ne citer que cette illustre voisine, Bunnahabhain reprend ses fonctions en 1984, ce qui fait d’elle une miraculée des années 80. Cette dernière connait par ailleurs divers propriétaires depuis 1881 jusqu’en 2014, sans que cela n’altère sa volonté de produire du whisky de la façon la plus artisanale possible, même à l’époque de l’automatisation des distilleries. Fondée dans un premier temps par le groupe Islay Distillers Company, ce dernier fusionne en 1887 avec William Grant & co, formant ainsi le groupe Highland Distillers. En 1999, c’est Edrington group qui devient l’heureux propriétaire de la marque, avant de la revendre à Burn Stewart Distillers en 2003. Ce dernier fusionne avec Distell en 2014, ce qui permet à Bunnahabhain de bénéficier d’importants investissements, notamment dans la modernisation du design de la gamme principale. Deux nouvelles versions sans mention d’âge sont alors également créées : Stiuireadair et Toiteach a Dha.

Bunnahabain

© Bunnahabhain

La distillerie possède aujourd’hui quatre alambics, deux d’origine et deux fabriqués en 1963, qui comptent parmi les plus grands de l’île d’Islay. Ces derniers, imposants et trapus, avec des bulbes en forme de poire, ne sont toutefois rempli qu’à 47% afin que le moût soit davantage en contact avec le cuivre des parois. Ces grands alambics à distillation lente accentuent le caractère fruité des distillats. On reconnait ici la recherche de qualité au détriment de la rentabilité, une constante dans l’élaboration des whiskies chez Bunnahabhain. En effet, aux antipodes des distilleries automatisées, cette dernière revendique une production manuelle et un vieillissement sur place pour proposer un whisky le plus naturel possible.

Bunnahabain

© Bunnahabhain

Les whiskies Bunnahabhain se distinguent également des autres whiskies d’Islay par une traditionnelle absence de tourbe, depuis 1963. En effet, à sa création, la distillerie utilisait naturellement la tourbe, disponible sur l’île, pour sécher l’orge, et ses whiskies étaient de fait systématiquement tourbés. Mais après sa reprise en 1963, elle se lance dans une production de single malt non tourbés. L’eau utilisée pour la production provient des sommets environnants, mais elle est canalisée dans des conduites avant d’arriver à la distillerie, ce qui lui évite de passer par les tourbières.

Bunnahabain

© Bunnahabhain

Cependant, Ian Macmillan, Master blender du groupe Burn Stewart, a récemment souhaité revenir aux sources en créant quelques références tourbées, telles que Moine ou Toiteach. Désormais, deux alternatives s’offrent aux amateurs de Bunnahabhain selon qu’ils préfèrent des whiskies au caractère marin et volontairement non tourbés, ou des single malt façon « brume fumée » et tourbés. Mais tourbés ou non, les whiskies Bunnahabhain sont le fruit d’un héritage précieux de savoir-faire, ainsi que d’une atmosphère marine aux accents purs et sauvages.

Bunnahabain

© Bunnahabhain

En 2017, la gamme a été élargie avec le deux nouvelles références, Stiùireadair et Toiteach A Dhà. Le frais et vibrant Stiùireadair est souvent comparé à une « tempête marine ». Non-tourbé mais reconnaissable à ses notes salines, signature de Bunnahabhain, son vieillissement en ex- fûts de Sherry le dote également d’arômes de fruits secs, le tout avec une texture onctueuse. A côté, le doux et intense Toiteach A Dhà est un single malt qui marie des arômes côtiers subtils à des notes chaudes et épicées avec une touche de fumé. Son vieillissement dans des fûts de bourbon et de sherry permet de libérer des notes bien particulières d’agrumes et de poivre pour une bouche puissante. On retrouve un nez légèrement tourbé, qui renoue avec les toutes premières origines de la distillerie.

Bunnahabain

© Bunnahabhain