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Santa Teresa, c’est un rhum exceptionnel, mais aussi une entreprise profondément ancrée dans l’histoire, la vie et l’économie de son pays : le Venezuela.

Speakeasy a pu poser ses questions à Alberto Vollmer, 5ᵉ génération de la famille à la tête de la distillerie, ainsi qu’à Nancy Duarte, première maestra ronera de la maison Santa Teresa.

Dans cet article, vous découvrirez :

  1. L’histoire de la marque
  2. L’élaboration du rhum selon le savoir-faire de Santa Teresa
  3. La première maestra ronera à l’œuvre dans l’entreprise
  4. Le projet Alcatraz et ses membres de gangs repris en main

 

Histoire de l’Hacienda Santa Teresa

Avant même l’élaboration de rhum, Santa Teresa est un lieu : l’Hacienda Santa Teresa, implantée au nord du Venezuela en 1796. Café, canne à sucre et cacao y sont cultivés en cette fin du XVIIIᵉ siècle. C’est en 1830 que la famille Vollmer devient propriétaire de l’Hacienda, et y commence la production de rhum. Un rhum qui sera commercialisé sous la marque Santa Teresa à partir de 1885. Aujourd’hui, Alberto Vollmer représente la 5ᵉ génération de la famille à la tête de la distillerie, perpétuant le savoir-faire et l’héritage de cette production exceptionnelle.

Lorsque j’étais enfant, vers 6-7 ans, j’aimais aller avec mon père à l’hacienda et voir comment les gens accueillaient mon père sans distinction, c’était quelque chose que j’aimais beaucoup. Le fait d’établir un lien avec les gens de l’hacienda et de la municipalité de Revenga d’une manière quotidienne, chaleureuse et proche a été un exemple pour moi, que je garde encore aujourd’hui” Alberto Vollmer.

Alberto Vollmer Herrera Santa Teresa

© Santa Teresa

En 1996, à l’occasion du bicentenaire de la marque, Alberto Vollmer Herrera crée ce produit désormais iconique : le rhum Santa Teresa 1796. Ou plutôt le “Ron” Santa Teresa devrais-je-dire.

En effet, les rhums d’Amérique du Sud sont appelés « Ron », en référence à leur élaboration, propre aux pays hispaniques. Santa Teresa 1796 bénéficie de la Dénomination d’Origine Contrôlée « Ron de Venezuela », et présente ses notes de caramel, cacao et café caractéristiques.

En 1996 a eu lieu, l’année du bicentenaire de l’Hacienda Santa Teresa. Mon père, Alberto Vollmer Herrera, a mis l’organisation au défi de développer un rhum capable de mettre en valeur toute la maîtrise acquise au cours de ces deux premiers siècles. Les maestros ronero ont honoré cette demande et ont créé le rhum solera triple vieillissement Santa Teresa 1796, le rhum super premium le plus récompensé au monde, avec plus de 60 médailles d’or dans les concours internationaux les plus prestigieux.” Alberto Vollmer.

Histoire de l’Hacienda Santa Teresa

© Santa Teresa

 

Elaboration du rhum Santa Teresa

Mais quel est ce processus qui rend Santa Teresa 1796 si exceptionnel ?

En ce qui concerne la matière première, le rhum Santa Teresa est un rhum de mélasse, issue de la chauffe du jus de canne. Après fermentation, cette mélasse est distillée selon trois techniques :

  • Une distillation continue dans une colonne de distillation
  • Une distillation continue dans quatre colonnes de distillation
  • Une distillation dans un alambic à repasse traditionnel

Après la sélection des arômes souhaités dans les eaux-de-vie issues de ces distillations, vient le temps du vieillissement. Un vieillissement en trois étapes, qui se réalise notamment par la méthode Solera. C’est ici que tout le savoir-faire des générations qui se sont succédées à la distillerie va permettre à la magie d’opérer.

Santa Teresa fûts rhum

© Santa Teresa

Après un premier vieillissement traditionnel en fût de bourbon (entre 4 et 35 ans), la seconde étape met en œuvre la méthode Solera. C’est-à-dire qu’à intervalles réguliers, une fraction des fûts les plus récents est transférée vers les plus anciens, de manière progressive, sur quatre rangées. Les fûts les plus récents sont sur la rangée la plus haute, et les plus anciens sont sur la rangée du bas. Les jus voyagent donc petit à petit du haut vers le bas, dans une évolution douce qui mélange les plus vieux aux plus anciens, fraction par fraction. Chaque transfert d’un fût à un autre est réalisé à la main.

Dans la troisième étape, les rhums qui sont arrivés dans la quatrième rangée, la plus basse (donc la plus vieille) vont être transférés vers une cuve Solera. Bien sûr, une fraction de ces rhums est conservée dans les fûts les plus bas, pour que le Solera puisse se perpétuer. Les cuves Solera sont des fûts de 19 000 litres en chêne français, dans lesquels on trouve une fraction du rhum mère originel, qui sera mélangé avec le rhum transféré.

Aucun fût Solera ou cuve Solera n’a été complètement vidé depuis son premier remplissage en 1992. C’est une méthode de vieillissement tout en douceur, qui demande savoir-faire et attention. Mais qui permet d’obtenir la richesse et la saveur parfaitement équilibrée du Santa Teresa 1796, mondialement primé.

Santa Teresa Solera rhum

© Santa Teresa

 

Nancy Duarte : première maestra ronera de la maison Santa Teresa

Dans un milieu des spiritueux masculin, on peut saluer la touche féminine de la maison avec sa première maestra ronera (maitresse du ron), équivalent de nos maîtres de chais européens. Elle est l’un des rares femmes à détenir un tel rôle dans le monde du ron, avec par exemple Jassil Villanueva, maestra ronera de la Maison Brugal.

Dans le secteur des spiritueux, on a mis davantage l’accent sur les possibilités offertes aux femmes de diriger des marques ou de gérer leurs processus de production et, en vérité, je suis très heureuse de ne pas être la seule femme maestra ronera. Je suis ravie de savoir que je ne suis pas la seule femme maesta ronera et que de nombreuses femmes comme moi sont chargées d’amener des marques de rhum à une position élevée sur le marché international. J’ai également eu le plaisir de m’entretenir avec certaines d’entre elles et cela a été très gratifiant.” Nancy Duarte.

Nancy Duarte : première maestra ronera de la maison Santa Teresa

© Santa Teresa

Nancy Duarte, après de longues années d’apprentissage au sein de l’entreprise, obtient ce titre et cette mission de premier plan en 2021. Elle supervise l’ensemble du processus de production et de création de la distillerie. Sa connaissance des fûts, son palais et son expertise permettent de garantir une qualité absolue dans chaque assemblage, et donc dans chaque bouteille de Santa Teresa 1796.

Lorsque je débutais dans ce merveilleux métier, mon travail consistait à nettoyer soigneusement les verres et à verser le rhum qui était dégusté lors des dégustations quotidiennes qui permettaient aux maestro ronero de juger chaque produit. Ils semblaient apprécier ma façon de faire et me demandaient ce que je pensais de chaque lot de rhum vieux. En réalité, derrière les rideaux, sans que personne ne me voie, je buvais une gorgée de chaque échantillon pour en connaître les caractéristiques et, petit à petit, ils ont commencé à m’inclure dans les évaluations et mes opinions ont commencé à compter. Ils ont compris que j’avais du talent. C’est ainsi qu’en 2021, je suis devenue la première femme maestra ronera de Santa Teresa.” Nancy Duarte.

Vous pouvez également retrouver un beau portrait de Nancy Duarte sur le site distilleuses.

Santa Teresa 1796 Speyside Whisky Cask Finish

© Santa Teresa

C’est sous son ère, l’année dernière, qu’est sortie la première édition limitée Santa Teresa 1796 Speyside Whisky Cask Finish. Une édition qui marie l’excellence du rhum Santa Teresa avec la beauté des whiskies d’Ecosse : après son triple vieillissement, le rhum connait un finish de 13 mois en fût de whiskies provenant de la région du Speyside.

Toujours guidés par notre curiosité, nous sommes à la recherche constante d’innovations parce qu’elles sont aujourd’hui fondamentales pour continuer à positionner Santa Teresa 1796 dans la catégorie des rhums super premium du monde. Une ligne qui est en plein essor sur le marché international. Penser, assembler et créer tous ces rhums nous conduit à élaborer des produits de haute qualité qui, à l’avenir, seront présents dans les meilleurs bars du monde.” Nancy Duarte.

 

 

Projet Alcatraz : Santa Teresa impliquée dans la vie de son pays

L’Hacienda Santa Teresa existe depuis le XVIIIᵉ siècle au Venezuela, un pays marqué par sa dangerosité et son instabilité politique et économique. Des valeurs fortes de solidarité, d’humanisme, alliées à une volonté farouche, ont permis à l’entreprise de faire de ce contexte une force, notamment au travers du projet Alcatraz. Il y a plus de 20 ans, ce qui aurait pu être considéré comme une initiative d’un optimisme naïf, s’est révélé être un véritable succès humain et entrepreneurial.

En 2003, les membres d’un gang pénètrent l’hacienda pour la piller et attaquent l’un des gardiens. Ils sont ensuite rattrapés, et Alberto Vollmer, actuel directeur de la marque, leur laisse le choix : travailler pour Santa Teresa, ou être livrés à la police. Ils choisissent tous la première option, et le projet Alcatraz voit ainsi le jour. Un programme de réinsertion et de réhabilitation des membres de gangs fondé sur cinq piliers : le respect, la justice réparatrice, l’accompagnement psychologique, l’éducation au travail et les valeurs du rugby.

Santa Teresa rhum Venezuela projet Alcatraz

© Santa Teresa

En donnant une alternative à la vie de violence et de délinquance dans lequel se trouvent les membres de gangs, le projet Alcatraz a permis de réduire le taux d’homicide de 96.5% depuis 2003 dans la municipalité de Revenga, où se situe l’hacienda. Onze gangs ont été démantelés, sans recours à la violence, et 250 jeunes hommes issus de ces gangs ont été totalement réinsérés dans la société.

Depuis mon enfance, la transmission des valeurs a toujours été très présente dans mon foyer. On m’a appris à aimer mon prochain et il était pratiquement normal de donner une seconde chance. La situation du raid sur l’hacienda a testé notre capacité à construire des solutions alternatives aux conflits, et le résultat a été très positif. C’est aussi ce qui nous a poussés à introduire le rugby dans leur processus de rééducation, en nous inspirant des cinq valeurs de ce sport : humilité, respect, discipline, travail d’équipe et esprit sportif.” Alberto Vollmer.

Santa Teresa rhum Venezuela projet Alcatraz

© Santa Teresa

Anther Herrera faisait partie du gang qui a attaqué l’Hacienda. Aujourd’hui, il est ambassadeur de la marque. Avec Santa Teresa, il a appris la mixologie, la prise de parole en public, l’anglais, le processus de production du rhum, et le rugby. Il est fier d’être un modèle d’exemple pour les autres et de représenter Santa Teresa en partageant son histoire à travers le monde.

Et le projet ne s’arrête pas là. Aujourd’hui, plus de 1000 personnes jouent chaque semaine au rugby dans 35 centres pénitenciers au Venezuela, et reçoivent une formation théorique et pratique de la part des entraineurs d’Alcatraz. Respect, discipline, travail d’équipe, esprit sportif et humilité sont enseignés comme des clés de réussite. La fondation de Santa Teresa a créé l’Alcatraz Rugby Club, un programme de rugby scolaire suivi par 2 000 enfants dans 11 écoles. Une formation aux valeurs sportives qui permet de prévenir la violence et la délinquance. Les meilleurs d’entre eux ont la possibilité de rejoindre l’Académie de l’Alcatraz Rugby Club, et ainsi devenir la relève de l’équipe.

Santa Teresa rhum Venezuela projet Alcatraz

© Santa Teresa

Au-delà du projet Alcatraz, la marque s’implique également dans l’urbanisme et la rénovation de sa région. En 2012 est née l’initiative “Casas Blancas”, qui a métamorphosé plus de 600 habitations de la municipalité de Revenga, ou se situe l’hacienda. Un cercle vertueux, qui permet aux 10 000 visiteurs par an de l’hacienda de découvrir par ailleurs un cadre accueillant et dynamique.

Nous ne pouvons concevoir la réussite d’une entreprise sans la contribution de la communauté qui nous accompagne. La seule raison pour laquelle nous faisons du rhum, c’est pour pouvoir continuer à transformer des vies. Notre engagement nous place à leurs côtés. C’est pourquoi nous avons développé des initiatives sociales qui visent à améliorer les conditions de vie des habitants de la municipalité de Revenga, à réintégrer les bandes criminelles dans la société et à éloigner de la violence les plus de 2 000 enfants et jeunes qui aujourd’hui jouent et pratiquent les valeurs du rugby à la ferme. Au-delà de la municipalité de Revenga, ces programmes ont évolué pour amener le rugby dans 35 prisons au Venezuela (21 hommes et 14 femmes) et une en Espagne. Chaque semaine, plus d’un millier de prisonniers apprennent les valeurs du rugby lorsqu’ils reçoivent la visite de nos entraîneurs dans leur prison.” Alberto Volmer.

Santa Teresa n’est donc pas qu’un rhum de très grande qualité : c’est également un morceau de patrimoine du Venezuela, qui continue toujours d’avancer, contre vents et marées.

Santa Teresa rhum Venezuela

© Santa Teresa

 

Merci à Alberto Vollmer et à Nancy Duarte d’avoir répondu à nos questions.