Cette semaine notre voyage nous emmène sur les traces d’une distillerie nichée au coeur d’une des îles emblématiques d’Ecosse. Elle possède une seule route, un unique pub, quelques 212 habitants, 5000 cerfs et une seule distillerie : Jura. C’est en effet au cœur de cette île sauvage que se trouve le village de Craighouse et la distillerie qui porte le même nom. Fondée en 1810 par Archibald Campbell, la distillerie connaît de nombreux tumultes venant interrompre son développement : la successions de nombreux propriétaires, les désaccords entre ceux-ci et l’exode des habitants vers les bassins industriels anglais ont raison de celle-ci, elle ferme finalement ses portes en 1901. La suite nous la connaissons… les guerres et crises des années suivantes n’arrangerons pas la situation, si bien que le toit de la distillerie est retiré en 1920 afin que le bâtiment ne soit plus soumis aux taxes.
Notre histoire aurait pu s’arrêter là, mais en 1963 les habitants de l’île décident de se mobiliser afin de reconstruire la distillerie et de relancer la production de whisky. Les murs et le toit sont rebâtis, de nouveaux alambics, très haut (7,7 mètres), sont fabriqués et installés dans le bâtiment et six chais situés au bord de mer viennent accueillir les fûts. Le new-make coule de nouveau : frais, léger, aux notes herbacées et aux arômes de citron, signature du Jura d’aujourd’hui.
Si le whisky était autrefois fortement tourbé (sur le modèle de ce qui se faisait à Islay), son caractère a progressivement évolué vers le style classique des Highlands, pas ou peu tourbé, tout en gardant ses notes légèrement salées grâce à son côté insulaire et ainsi qu’aux nombreux investissements réalisés afin d’améliorer sans cesse la qualité des whiskies produits.
Et cette année Jura a décidé de sortir sa première édition limitée, hommage à la communauté de l’île qui a largement contribué au succès actuel de la distillerie. Two-One-Two, tire son nom du nombre d’habitants de l’île : 212. Single malt de 13 ans il a vieilli en fûts de bourbon puis a fini sa maturation en fûts de chênes Chinkapin (issu des montagnes du Missouri) lui conférant d’intéressantes notes d’agrumes. Une expérimentation remarquable avec un type de bois peu utilisé en Ecosse, et une édition limitée à 1000 bouteilles pour notre cher pays.
