Ce qui marque tout d’abord, c’est leur jeunesse. Richard Ducret et Esther Descamps forment une équipe, lyonnaise avant tout, mais aussi énergique et visionnaire, du haut de leur vingtaine.
Ils ont fondé leur propre distillerie en janvier 2021, dans le 8ème arrondissement de Lyon. Leur alambic à peine installé, ils commençaient à réaliser leur premier projet : la création d’un pastis lyonnais.
De nombreuses régions de France revendiquent leur propre pastis, dont l’incontournable pastaga sudiste, mais Lyon en manquait.
Richard, qui vient du Haut-Doubs, où il a vécu ses premières expériences de distillateur, connaissait bien l’absinthe, produite dans la région. Ancêtre du pastis, cette boisson a été interdite au début du XXème siècle pour ses effets dévastateurs. Suite à cette prohibition, une boisson anisée a été créée en remplacement de la Fée verte : son petit-fils pastis.
Puisant dans ses racines natales, en terre d’absinthe, Richard souhaitait créer un pastis qui reflète ce côté herbacé, qui soit très floral. Réalisé avec des plantes naturelles, on y retrouve de légères notes de lavande, qui relient le Haut-Doubs au sud.
Le résultat : Lyon peut être fier de son premier pastis, qui a été élu meilleur pastis du monde aux World Drinks Awards 2022. Ça valait le coup d’attendre cet Anis des Gones !
Une bouteille transparente laisse apercevoir sa couleur nuancée de vert, qu’il assume avec élégance, et qui devient blanche au contact de l’eau.
Pour les palais qui n’acceptent que le classique Ricard, un deuxième Anis des Gones est sorti en début d’année, toujours avec autant de soin et de qualité, mais avec des repères plus conventionnels : plus de notes de réglisses, légèrement plus de sucre, toujours autant de plantes naturelles, et un goût plus consensuel. Ce nouveau pastis a remporté la médaille d’or au concours Agricole de Paris 2023.
Depuis cette année, la Distillerie de Lyon produit donc un Anis des Gones bleu, sacré meilleur pastis du monde aux World Drinks Awards 2022, et un Anis des Gones Rouge, médaillé d’or au Concours Agricole de Paris 2023. Carton plein !
La distillerie produit également un rhum de mélasse blanc, réalisé de la fermentation à la distillation. La mélasse utilisée provient d’une raffinerie sucrière située autour de Marseille. Sa fermentation longue, le travail des levures, lui permettent de développer des esters qui donneront des arômes de banane trop mûre, avec, en fin de bouche, des notes torréfiées, presque légèrement fumées. Il est récupéré à 52°, et demeure brut de colonne, c’est à dire sans aucun ajout d’eau. Son relatif faible degré d’alcool pour un spiritueux non dilué indique que beaucoup d’éléments volatils, d’arômes, ont été conservés pour offrir un rhum avec beaucoup de caractère, et une vraie typicité. Typicité qui en a séduit plus d’un puisqu’il a à son tour été récompensé aux World Drinks Awards, édition 2023 cette fois-ci, médaille d’or dans la catégorie rhum blanc. Bien qu’il soit blanc, c’est un rhum qui s’apprécie en dégustation, avec ses arômes développés et son caractère bien trempé.
Dans les projets de l’équipe, un rhum ambré, vieilli en fût, devrait voir prochainement le jour. De belles surprises en perspective !
La team produit également du gin, avec le début d’une série, les ginissimes, dont le premier connaît une infusion de praline après distillation : c’est le ginissime #1, Pink Praline. Clin d’œil à la région lyonnaise, cette pointe de praline rose n’est pas la seule particularité de ce gin. Casser les codes, c’est sa vocation. En dehors de l’indispensable baie de genièvre, seize botaniques exotiques et naturelles sont utilisées pour l’aromatiser, et lui donnent un côté épicé. Il ne reste plus que quelques centaines de bouteilles de cette belle édition, mais pour les malheureux qui arriveraient trop tard, une nouvelle série devrait sortir dans le futur, avec un ginissime #2.
Dernier produit de la marque, une liqueur de concombre est également produite dans la distillerie : la liqueur Un peu concon. Elle a été créée car l’équipe souhaitait en utiliser pour réaliser un cocktail, et s’est aperçue qu’il n’en existait pas sur le marché. Ça s’est avéré être un grand succès par la suite. Parfaite avec un gin tonic par exemple, cette liqueur naturelle est fraîche comme une tranche de concombre en plein mois d’août.
En dehors de ses produits de marque, la distillerie fournit aussi des bars en vrac, avec des BIB de 10 litres de spiritueux (vodka, gin, rhum). Et travaille aussi à façon, pour des marques qui souhaitent créé des spiritueux à leur effigie. On peut citer notamment le restaurant Bichon à Lyon, qui a fait réaliser ses liqueurs de plantes la Bichonneuse et le Bichon vert par la distillerie.
Pour résumer, on a donc ici une distillerie jeune et surdouée, qui n’en est qu’au début de sa créativité. On a hâte de découvrir la suite !